Le Printemps ou La Primavera de Sandro Botticelli

le Printemps de Botticelli Réalisé pour la Villa de Castello, à la demande de Lorenzo di Pierfranco, de la branche cadette des Médicis, le Printemps constitue le pendant de la Naissance de Vénus . Cette œuvre, dont l’allégorie reste encore discutée, constitue un sommet de l’inspiration humaniste qui animait la cour de Laurent de Médicis.

Du dédale philosophique où, à la Renaissance, se mêlent mystères et mythes païens et chrétiens – et que les écrits ne nous retracent que très partiellement – naît une théologie poétique qui imprègne les œuvres majeures de cette époque.

Élève du poète Politien et du philosophe Marsile Ficin, le mécène de Botticelli a sans doute fortement orienté la composition du tableau.

Une composition en frise

De gauche à droite, personnages et groupes sont juxtaposés sans qu’aucun lien narratif ne semble les unir. Seul le bois chargé de fruits et le gazon semé de fleurs assurent l’unité de la scène. C’est ainsi que sont disposées côte à côte les figures monumentales de Mercure, des trois Grâces, de Vénus et de l’Amour aveugle et enfin de celle du groupe associant Zéphir, une nymphe et Flore.

Poésie païenne et amour divin

L’interprétation la plus proche de Ficin propose de voir, dans la scène de droite, la métamorphose de la nymphe Chloris en Flore, sous le souffle de Zéphyr. Laurent de Médicis, dans ses poèmes, parle du printemps comme de la saison où «Flore pare le monde de fleurs». Ces fleurs, précisément, sortent de la bouche de Chloris. La relation étroite et étrange qui unit spatialement les deux femmes invitent à retenir cette version ovidienne.

Au centre, Vénus, austère et mélancolique, incarne la concorde et l’harmonie. Mais son fils, Amour, apparaît sous une nature moins douce. C’est encore chez Ficin que l’on peut trouver la clé de cette image: «Comme l’âme est la mère d’Amour, Vénus est identique à l’âme et Amour est l’énergie de l’âme.»

Visées par la flèche enflammée de l’Amour, les trois Grâces forment un groupe complexe subtilement relié à Mercure qui, de son caducée, dissipe les «nuages de l’esprit», selon Boccace. Guide des Grâces, mais aussi des âmes, Mercure – vêtu d’une étoffe ornée de flammes renversées évoquant peut-être l’amour divin – conduit celles-ci vers l’au-delà. Toutefois sa pose déhanchée inciterait plutôt à voir en lui le dieu «ingénieux» des humanistes, celui de l’érudition, celui qui, de sa baguette, révèle la connaissance hermétique. Tournant le dos au monde, les yeux levés vers le ciel, Mercure, suivi du regard par la Grâce de la Chasteté, mène les esprits vers l’amour divin.